Cette semaine, Madmagz rencontre Jeff Garnier, membre du collectif GAM3 et rédacteur des magazines SOUNDLYfe. Son objectif : faire partager sa passion de la musique, de tous les genres et de toutes les époques, au travers d’un magazine qui fait fi des cloisonnements traditionnels et qui se veut accessible à tous.
Qui êtes vous Jeff ?
Je m’appelle Jeff Garnier, j’ai 38 ans. J’ai créé mes premiers fanzines, dans les années 90’s, avec les moyens du bord et l’aide de quelques afficionados, dont certains collaborent toujours à notre expérience GAM3 aujourd’hui. Puis est venue la révolution Internet, puis dernièrement les réseaux sociaux. Tout cela est à l’origine du projet GAM3 : Global Arts & Music free Experience, que je dirige actuellement. Il s’agit d’un collectif entièrement bénévole, qui n’utilise que des supports gratuits et fait appel à la bonne volonté des participants. Parmi eux, nos magazines SOUNDLYfe, construits et hébergés chez Madmagz.
Comment ce magazine a-t-il vu le jour ?
Le magazine SOUNDLYfe est né tout naturellement de l’envie de transformer les nombreuses publications que nous avions en un support digne de ce nom : exit donc les blogs, pour retrouver la forme que nous connaissons actuellement : un fil d’actualité journalier sur notre site (Daily News), et via Madmagz, chaque semaine, un Hebdo, chaque mois notre série Xplorer de découverte musicale internationale, et chaque trimestre, un Themag, magazine thématique sur la rencontre entre musique & arts (musique et coinéma, musique et imaginaire …). La démarche SOUNDLYfe répond à l’envie de tourner la page des journaux spécialisés qui, en musique, sont surtout selon nous des supports de cloisonnement. La musique est une et indivisible, puisque l’expérience de cette dernière est avant tout celle de sa réception, du ressenti, qui n’a rien à voir avec les genres, les styles, mais avec la culture de celle ou celui qui la vit. Nous souhaitons tendre aux gens la musique et non leur indiquer ce qu’ils doivent en penser. C’est ce qui rend SOUNDLYfe différent des autres magazines,à mon sens. Nous sommes libres de nous exprimer.En sus du magazine, nous réalisons également Hits in Era, une compilation mensuelle gratuite de découverte d’artistes du monde entier en lien avec notre série SOUNDLYfe Xplorer. Nous animons également un réseaux de jeunes TAL3NTS non pas musiciens mais modèles, photographes, maquilleurs, coiffeurs, accessoiristes, etc, qui réalisent bénévolement les couvertures de nos trimestriels THEMAG et font ainsi connaître leur travail, visible de nos lecteurs et des professionnels de la mode (approche de l’insertion professionnelle) et de l’événementiel.Par ailleurs, nos magazines ne sont qu’un de nos modes d’intervention, et de diffusion culturelle, puisque nous animons une constellation de sites tous intimement liés autour de notre collectif (radio, portails thématiques, territoriaux, de genre, fonds pour la musique expérimentale, projets cross-arts etc.). Nous possédons également une photothèque, qui rend hommage aux amateurs de photographie live. Une chaîne vidéo est également en préparation, ainsi que des manifestations (expositions, concerts …). C’est ce que nous appelons l’Expérience globale, et je crois qu’elle l’est.
Pour le choix des rubriques, quelle est votre méthode ?
Au moment de constituer SOUNDLYfe, nous animions un blog avec des dizaines de rubriques différentes. Cela a été plus simple au départ, donc : nous avons fait un tri et avons réparti les rubriques en fonction des approches.
Aujourd’hui, pour les sujets, précisément, cela dépend des séries : Pour les nouvelles quotidiennes, nous exploitons les flux Rss, les sites et autres sources d’information « à la source » (boites de production …).
Nos SOUNDLYfe Hebdos sont construits autour, d’un côté, d’un petit dossier d’actualité ou zoom (la musique free jazz ou les enjeux de l’e-music …) et de l’autre de rubriques récurrentes : « disc’idéal » qui explore notre discothèque idéale, ou « sol’iter », qui met en lumière les carrière en solo de membres de groupes, etc. Un contenu média complète sur notre site internet ces deux approches, avec des rubriques vidéos (« nothing compares » s’intéresse aux reprises (covers) de chansons par exemple).
Côté SOUNDLYfe Xplorer, le choix de la destination est arrêté par notre équipe de rédaction (en juin, l’Alaska !) et pour les Themag également. Puis nous travaillons en collectif aux contenus et à la ligne éditoriale via un site dédié (3ETC – Espace de Travail Collectif). Nous réalisons en parallèle les shootings pour nos couvertures. Les interviews attendues décident également de l’éventuelle inversion de tel dossier avec tel autre. Par contre, chaque semaine, nous annonçons le sujet ed la semaine suivante et ainsi de suite avec les mensuels et trimestriels. Cela permet d’avoir un fil rouge à suivre … Pour ce qui est d’éventuelles « nouvelles séries », elles naissent soit d’une envie d’explorer une approche nouvelle, soit de répondre à un « manque » ressenti par notre lectorat.
Qui sont les principaux lecteurs de SOUNDLYfe ?
J’ai écrit un jour qu’ « Ecrire, c’est naître au berceau de sa propre conscience », ce qui signifie qu’on écrit avant tout pour satisfaire un besoin, une envie, un plaisir, personnel.
Parce qu’on se découvre en écrivant, et c’est comme une seconde naissance. Mais comme tout passionné d’écriture, l’envie d’être lu est également très présente. Après des années de pratique, on apprend donc à ne pas écrire uniquement pour soi, sans pour autant travestir sa pensée initiale.
Concernant la musique en particulier, j’écris pour éveiller l’envie chez les lecteurs qui sont des amateurs de musique ou pas (encore). Faire jaillir l’étincelle. Donner à vivre quelque chose qui peut transformer une vie. Car une oeuvre musicale peut faire cela. Mon expérience en radio m’a également beaucoup aidé sur ce rapport parole/public. J’ai en quelque sorte adapté cela à l’écriture journalistique. Ecrire pour ceux qui connaissent revient à placer des panneaux en ville pour ceux qui y habitent, ce qui est malheureusement souvent le cas. Il est plus difficile d’expliquer à celui qui ne connaît pas, de trouver les bons mots pour inviter à venir, à découvrir, à connaître.
Nous nous adressons à tous les publics, des plus jeunes au plus âgés. Il n’y a pas de musique pour enfants, pour adolescents, pour adultes. Il y a différentes générations, avec des aspirations différentes et cela se ressent dans leurs choix, que nous accompagnons et respectons. Nos approches, même problématisées, de certains thèmes (musique et écriture, musique et imaginaire) ou sujets d’actualité (la survie financière des festivals, les enjeux du numérique musical), tiennent compte de cette diversité de public et restent très abordables par toutes et tous. Ce sont des pistes, des chemins à emprunter. Nous connaissons de mieux en mieux notre lectorat, grâce aux outils internet et aux témoignages d’une part, mais aussi aux demandes très diversifiées qui affluent et démontrent une partie de son impact, y compris chez les professionnels (boites de production, labels, tourneurs pour les concerts, photographes de live, artistes eux-mêmes …). Côté public, la tranche d’âge la plus représentée reste celle des 25 – 40 ans. Les femmes y sont très nombreuses, d’ailleurs plus que les hommes … Tout le monde est bienvenu, l’inscription est gratuite et non obligatoire, comme tout ce que nous réalisons !
Vos magazines sont uniquement disponibles sur le Web, c’est bien ça ?
Nos magazines sont disponibles sur Madmagz, ou, via les lecteurs proposés par votre site, directement intégrés dans notre site internet dédié, et publiés sur notre page facebook (www.facebook.com/soundlyf3). En effet, dans une démarche de développement durable, nous estimons que Madmagz est une réponse partiellement adaptée puisqu’il est possible mais non obligatoire d’imprimer les magazines. Cela évite à SOUNDLYfe de finir comme les gratuits sur les sièges des métros ou pire sur les trottoirs. Nous préférons être sur l’écran des lecteurs et assurons notre publicité autrement. Nous envisageons parallèlement de vendre le magazine en version PDF pour écran, afin de récolter des fonds pour un soutien à la musique expérimentale (Fonds pour les Arts & la Musique en libre Expérimentation – FAM3).
Bien sûr, nous rêvons parfois, en amateur de livres papier, de flâneries chez les bouquinistes, de voir vieillir notre SOUNDLYfe comme toux ces magazines devenus cultes des années 70s et 80s, qu’on rachète encore quelques cents et qu’on relis avec plaisir, trente ans après. Mais nous avons une responsabilité quant à l’impact environnemental de notre démarche.
Nous réfléchissons plutôt à éditer, en véritable magazine papier, payant cette fois (pour rembourser le coût de revient), une version collector, sorte de best of des dossiers et articles les plus plébiscités, qui permettra à chacun d’enrichir sa bibliothèque « papier » d’une de nos productions, en découverte ou en souvenir. Cela peut également faire un bel objet à offrir. Rendez-vous à Noël pour ça !
Avez-vous des retours de vos lecteurs ?
Nous avons beaucoup de témoignages depuis la reprise de l’activité ces six derniers mois. Surtout, nous avons eu des témoignages de lecteurs à qui SOUNDLYfe « a manqué », ce qui est très touchant et motivant !
Par ailleurs, certains artistes, en international, nous lisent et nous remercient de nos chroniques par tweets, ce qui fait chaud au coeur. D’autres nous citent dans les publications aux côtés de grands noms de la presse papier, sur leurs sites officiels, ce qui est inespéré !
Côté grand public, la diversité des genres, des époques, est souvent louée par nos lecteurs. La grande majorité aime la qualité de l’écriture, la diversité des angles d’approche. Les amateurs d’art soulignent l’effort visuel, de composition des dossiers. De manière générale, les nouveaux formats (Daily News, Hebdo, mensuels et trimestriels) ont été bien compris et suivis par des publics différents. L’Hebdo reste le plus lu, évidemment.
Le format Web de Madmagz ravit les amateurs de mobilité, qui partent travailler en nous lisant sur tablette et smartphone ! Seul « regret », dont nous nous faisons le relai, le fait de ne pas pouvoir trouver un profil « SOUNDLYfe » chez Madmagz, qui leur permettrait de naviguer d’un magazine à un autre du même auteur …
Pourquoi Madmagz ?
Le Web répond à de nombreuses exigences : celle de la rapidité de diffusion, de la pluralité de supports liés (liens entre plate-forme de publication, réseaux …), de l’impact sur le public (effet tâche d’huile, de l’information qui se répand) et surtout, depuis la multiplication des supports de lecture, tablettes et autres smartphones, de sa disponibilité, à peu près partout dans le monde (cela nous vaut d’être beaucoup lu par la communauté francophone au Québec notamment), qui est couplée avec l’absence d’encombrement supplémentaire ; les créateurs d’e-book le savent, pouvoir emporter tous les SOUNDLYfe Hebdo de l’année sans un gramme supplémentaire n’a pas de prix pour qui aime lire ! Et je ne vous parle pas de nos magazines thématiques de plus de 130 pages, comme celui sur « Musique et cinéma » par exemple, qui paraîtra en septembre prochain.
Nous avons choisi Madmagz, car l’interface est pratique, efficace et permet l’accès à une version gratuite qui entre dans les fondamentaux de notre collectif : notre site internet, notre abonnement des lecteurs, nos journées shooting avec les talents professionnels, nos publications, notre radio, tout est entièrement gratuit chez GAM3 et votre produit y contribue très largement. C’est en ce sens que la création initialement prévue avec des logiciels spécialisés, a été définitivement rapportée sous Madmagz : la version de base offre déjà une structure qui permet une réalisation plus souple donc des délais de parution tenus et une disponibilité Web sans hébergeur supplémentaire. Nous n’écartons pas l’idée, si l’avenir le permet, de basculer sur un format plus varié parmi ceux offert par Madmagz, changement qui pourrait être financé par la vente de produits dérivés de notre collectif.
En outre, le format Madmagz force à plus de lisibilité, puisque les pages sont moins chargées que ce que l’on pourrait être tenté de faire, de prime abord, pour limiter la taille d’un magazine. Cela oblige aussi à une expression condensée, donc plus réfléchie, plus aboutie, qui vise l’essentiel, sans pour autant se départir du plaisir du chroniqueur de s’adonner à quelques digressions, comme on dit en littérature.
Un dernier mot ?
A toutes celles et tous ceux qui souhaitent publier : passer le cap ! Passionnément. La seule manière de se sentir vivant. Aux passionnés, j’adresse tous mes voeux de ténacité. J’avais 12 ans lorsque j’ai été surpris, la première fois, par un disque, qui a changé ma vie. A 14, ce fut l’écriture, et j’ai pu l’exprimer. A 18 j’ai découvert la presse et à 24 la radio, et j’ai alors pu le faire savoir. Aujourd’hui, GAM3 n’est rien d’autre qu’une envie de partager une passion vieille de 25 ans. Ne désespérez pas : ce n’est pas le nombre de vos lecteurs qui compte, c’est le plaisir de partager « un bout de soi » comme disait Goldman a son public. Le lectorat ressent la passion et il grandit malgré nous …
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